2 – Jaffna

Jaffna : aux portes de l’Inde

En 1983, nous avions connu des émeutes anti tamouls dans la ville de Colombo et avions été bloqués trois jours dans notre hôtel. C’était l’année du début de l’accélération de la succession d’attentats et de représailles entre les cinghalais et les Tamouls qui, depuis 1981 militaient pour la création d’un état tamoul indépendant. Il était bien évidemment impossible de visiter le nord de l’île. C’est pourquoi, en 2018, nous avons décidé d’y aller, malgré les distances. Nous avons donc pris le train à Anuradhapura pour Jaffna. Le trajet fut long (4h pour 197 km), et pénible sur la fin, il faisait très chaud, et le pauvre ventilateur avait de la peine à nous rafraîchir. Le train s’arrête souvent pour laisser passer le train en sens inverse (il n’y a qu’une voie). Mais nous avions une très belle vue à l’arrière du train par la vitre panoramique, assis dans le sens contraire de la marche.

Comme dit le Routard, la péninsule de Jaffna est un voyage dans le voyage, et cela ressemble à l’Inde : temples hindous avec leur  haut « gopuram » sous lequel on pénètre pour accéder à diverses enceintes, , des galeries très colorées, jusqu’au sanctuaire ; moins de voitures, transports en commun et mobylettes bien chargées ; nourriture indienne : buriyani, nans, dosas, currys… Nous avons embauché un chauffeur de tuk tuk qui nous a promenés toute la journée suivant notre itinéraire.

– Patrice a eu beaucoup de succès en se baignant dans un bassin d’eau douce, près de la mer. On lui a prêté un sarong transparent dans l’eau du plus bel effet. Y avait du public !

– Nous avons visité deux magnifiques temples, dont l’un fermé ( nous a-t-on dit après…) mais la porte était ouverte, donc… Il n’y a quasiment pas de touristes, donc tranquillité absolue partout et contacts avec la population très agréables.

– A voir selon le guide mais bon … un bassin d’eau douce très profond (plus de 52 m) avec, semble-t-il tout un réseau de tunnels souterrains. L’eau est très propre et les poissons s’y plaisent bien.

– un endroit étonnant également : 56 dagobas de pierres de tailles différentes du IVe ou IIIe s avant J.-C. sont rassemblées dans un espace relativement réduit sous les cocotiers.

– le bout de la Péninsule se prolonge en un chapelet d’îles, la première est reliée au continent par une route à fleur d’eau, de belles plages propres permettent la baignade.

– fin de ballade sur le fort hollandais de Jaffna (copié sur ceux de Vauban, non mais) 

Tout au long de la route, de nombreux champs de tabac et aussi du tabac qui sèchent sur les murs (pas besoin de séchoir sophistiqués comme en Périgord !). Moins rigolo : de nombreuses maisons en ruines, quelquefois criblées de balles sont encore visibles.

Superbe moment dans le temple principal de Jaffna (Nallur Kandaswamy Temple), au remarquable goruram doré. A l’entrée, nous avons été surpris car on a demandé à Patrice de quitter sa chemise, les hommes doivent être torse nu. Nous avons assisté à la cérémonie des offrandes, moment mystique et impressionnant. Le temple est relativement sombre, éclairé par des petites lampes et des bougies qui font ressortir les reliefs des arcades dorées. Une procession se forme derrière des musiciens battant du tambour, des religieux entrent et sortent des petites alcôves où trônent des dieux, après un premier tour, ils se chargent d’une statue (un paon ? en argent) et parcourent un deuxième tour (du sanctuaire principal), très grande dévotion de la part des participants. A la fin, des fleurs sont jetées et de l’eau mélangée à du lait ? est donnée à tous. Patrice a cru qu’il fallait se laver les mains avec, en fait, il faut la boire ! Malheureusement , les photos étaient interdites.

Nous y avons rencontré deux jeunes de la région Occitanie avec qui nous avons bien discuté. Après un drink pas trop typique sur le « roof top » d’un hôtel, nous les avons rejoints dans un restaurant délicieux « Mango restaurant » pour y déguster des dosas (ces grandes crêpes fourrées) délicieuses (ça change des currys un peu lourds à digérer).